Les Marocains du monde exclus de la scène politique : marginalisation ou oubli délibéré?
Les Marocains du monde exclus de la scène politique : marginalisation ou oubli délibéré?

Rachida Babzine Paris
Bien que la Constitution de 2011 ait consacré le principe de citoyenneté pleine et entière, reconnaissant les droits des Marocains résidant à l’étranger, la réalité de leur participation politique demeure bien loin des promesses, Depuis plusieurs années, une question essentielle revient avec insistance :
pourquoi des millions de Marocains du monde sont-ils toujours écartés de la représentation politique et de la prise de décision nationale ?
On estime à plus de cinq millions le nombre de Marocains vivant à l’étranger, ils représentent une force économique et sociale majeure, tant par leurs transferts financiers que par leur rayonnement culturel et diplomatique dans les pays d’accueil, Pourtant, cette composante essentielle de la nation reste marginalisée dans la sphère politique marocaine : pas de représentation parlementaire réelle, ni de conditions favorables à leur candidature ou à l’exercice de leur droit de vote de manière efficace et accessible.
L’article 17 de la Constitution de 2011 stipule clairement le droit des Marocains résidant à l’étranger de voter et de se porter candidats aux élections.
Toutefois, cet article reste à ce jour sans application concrète, plus de dix ans après son adoption, aucun mécanisme juridique n’a été mis en place pour traduire ce droit en réalité.
Ce blocage soulève des interrogations sur la réelle volonté politique des décideurs, est-ce dû à des obstacles logistiques ? ou existe-t-il une crainte de voir l’influence électorale de la diaspora bouleverser les équilibres politiques internes ?
Ces dernières années, plusieurs acteurs issus de la diaspora ont exprimé leur mécontentement face à ce qu’ils qualifient d’« exclusion systématique », estimant que leur mise à l’écart contredit le discours officiel valorisant leur rôle et leur attachement à la mère patrie.
Des initiatives citoyennes et associatives ont vu le jour, appelant à la création de circonscriptions électorales spécifiques aux Marocains du monde, à l’instar de ce qui se fait en France ou en Italie, où les expatriés disposent d’une représentation propre au sein du parlement.
Dans un Maroc en pleine mutation, il n’est plus possible d’ignorer la voix de la diaspora, permettre aux Marocains du monde de participer pleinement à la vie politique ne serait pas seulement une reconnaissance de leurs droits, mais un pas fondamental vers une démocratie inclusive, impliquant toutes les composantes de la nation.
Il est temps que le gouvernement et le parlement dépassent les calculs partisans et traduisent les discours en actes concrets, afin de restaurer la confiance et renforcer le sentiment d’appartenance.
Continuer à exclure les Marocains du monde de la participation politique vide le concept de citoyenneté de sa substance, et soulève des doutes sur la sincérité des engagements de l’État. N’est-il pas temps de briser le silence et de donner à la diaspora marocaine la place qui lui revient dans la vie politique nationale ?





